Conciergeries : les petites mains derrière les locations touristiques
Derrière les locations de courte durée, souvent liées au tourisme, se cachent parfois des conciergeries. Ces entreprises, qui prennent en charge tout ou partie de la gestion des biens, sont de plus en plus nombreuses sur le territoire de Lannion-Trégor Communauté.

Un besoin en forte croissance
Sur la côte de Granit rose, la présence de nombreuses résidences secondaires et l’afflux touristique créent un besoin croissant en gestion locative. « C’est venu comme une évidence, il y avait un besoin auquel il fallait subvenir. Les propriétaires avaient besoin de services de gestion et d’entretien », explique Céline, co-fondatrice de la conciergerie L’Abri des Pêcheurs, qu’elle tient avec son amie Carole depuis plus de dix ans, sur le secteur de Trestraou et Trégastel. Depuis trois ans, elles observent une multiplication des conciergeries dans la région. Notamment liée à l’après Covid et au développement des plateformes de location courte durée. Ainsi qu’à une popularité des vacances à la mer toujours très élevée.
Une offre adaptée aux attentes des propriétaires
Chaque conciergerie propose des services variés : gestion des annonces sur Airbnb ou Booking, accueil des locataires, ménage, entretien du linge, voire petites attentions personnalisées. « On s’adapte aux demandes. Par exemple, si la personne ne veut pas gérer les annonces mais préfère accueillir elle-même ses locataires, c’est possible. La priorité, c’est la confiance avec nos clients », appuie Céline.
Ce lien de confiance est d’ailleurs central dans leur approche. « Si en parlant avec la personne, le feeling ne passe pas, on annule, tant pis », ajoute-t-elle.

La clientèle des conciergeries est principalement composée de propriétaires résidant loin de leur bien. « Dans le coin, beaucoup de propriétaires ne sont pas sur place. Ils n’ont pas envie de revenir tous les week-ends pour gérer les arrivées et départs des locataires. On a même quelqu’un qui habite à New York », raconte-t-elle en riant.
« Certains voient leur logement comme un investissement. » Céline, co-fondatrice de l’Abri des Pêcheurs
Il y a aussi des propriétaires qui vivent sur place, mais qui n’ont pas le temps de s’occuper de la gestion, et d’autres, très fortunés, qui considèrent leur bien comme un simple placement financier. « Certains clients ne veulent pas du tout s’impliquer, ils voient leur logement comme un investissement qui leur rapporte sans qu’ils aient à s’en occuper », précise Céline.
Une profession en mutation
L’essor des plateformes de location de courte durée a aussi fait évoluer les attentes des voyageurs. « Avant, on se fichait d’avoir autant de confort pour une si courte durée. Aujourd’hui, les standards sont devenus presque ceux d’un hôtel 4 étoiles », analyse Rémi, qui gère une conciergerie avec une approche plus automatisée.
L’automatisation joue en effet un rôle grandissant. « Avec un ‘channel manager’, en quelques clics, on synchronise une annonce sur toutes les plateformes, on gère les réservations et les disponibilités en temps réel» , explique-t-il. Ce type de logiciel, qui coûte en moyenne 70 euros par mois par logement, simplifie la gestion et réduit les risques d’erreurs comme les doubles réservations.
Les conciergeries investissent également dans des solutions technologiques facilitant l’expérience des voyageurs. Rémi propose à ses clients d’installer des boîtes à clés connectées, qui génèrent un code unique à chaque réservation. « Beaucoup de locataires veulent des systèmes sécurisés qui leur permettent une entrée autonome. »
Un modèle économique et humain
Si les conciergeries offrent un gain de temps et une gestion simplifiée, elles représentent un coût non négligeable pour les propriétaires. « La commission tourne entre 20 et 30 % des revenus locatifs », précise Rémi.
« Je ne veux pas remplacer les propriétaires. » Rémi, dirigeant d’une conciergerie autonome
Face aux préjugés sur le métier, il insiste, lui aussi, sur l’importance d’une relation de confiance avec ses clients : « Je ne veux pas remplacer les propriétaires, je veux les inclure dans la gestion. La communication est essentielle. »
Pour assurer un service de qualité, il externalise aussi certaines tâches, notamment le ménage. « Tout est automatisé : quand une réservation est confirmée, un prestataire reçoit directement la demande d’intervention. »
Un rythme de travail saisonnier
Le métier de concierge suit un rythme bien particulier, marqué par la forte saisonnalité du tourisme. « L’hiver, c’est calme et on a peu de revenus, explique Céline. On en profite pour préparer l’été, remettre à jour les livrets d’accueil, revoir les états des lieux et faire quelques améliorations dans les logements. »
En dehors de la gestion classique, certaines conciergeries vont plus loin et accompagnent les propriétaires dans l’embellissement de leurs biens. « Ça nous arrive aussi de faire des relookings, s’amuse Carole. Certains clients nous demandent de moderniser un peu la décoration pour rendre le logement plus attractif. »

Quel avenir pour les conciergeries ?
Malgré son essor, le secteur n’est pas sans difficultés. « Il n’y a pas d’école ni de formation spécifique pour devenir concierge. Il suffit d’avoir un statut d’auto-entrepreneur », regrette Rémi. De plus, la concurrence s’est intensifiée après le Covid et l’automatisation tend à réduire certains besoins en personnel. « Pour que ça fonctionne, il faut innover, aller au-delà du simple service de gestion locative. »
Toutefois, selon Carole, les conciergeries ne sont pas prêtes de disparaître. « Il y aura toujours besoin d’un interlocuteur humain, d’une personne de confiance sur place pour gérer les imprévus et entretenir le lien avec les propriétaires et les voyageurs. »
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