État des lieux

Pourquoi le village de Trévou-Tréguignec a-t-il la plus forte hausse démographique de Lannion-Trégor Communauté ?

Entre 2016 et 2022, la population de la commune costarmoricaine a augmenté de 18,1 %. Pierre Adam, maire depuis 2014, explique notamment l’attractivité de Trévou-Tréguignec par son placement géographique et son offre de soins.

Trévou-Tréguignec, le lundi 17 mars. Cette commue des Côtes-d’Armor est un exemple d’attractivité. © Thomas Cluzeau

Quentin a 28 ans. Il y a trois ans, avec sa compagne, Élise, 24 ans, il s’est installé à Trévou-Tréguignec. Le couple est arrivé dans la commune de 1581 habitants un peu par hasard, recherchant simplement un logement dans le secteur. « On était à Paris avant, on n’a pas choisi la ville », glisse le jeune homme. Ne connaissant personne en arrivant dans le Trégor, Quentin et Élise recherchent des activités pour ne pas rester seuls. « Ce qui nous permet de rencontrer des gens, c’est le fait de balader notre chien », sourit Quentin. Le couple a découvert que des promenades sont organisées régulièrement. « Il y a une page Facebook sur laquelle beaucoup d’activités sont proposées, ça permet de faire vivre un peu. »

Quentin, habitant de Trévou-Tréguignec. © Thomas Cluzeau

Construction de trois lotissements

Comme Élise et Quentin, depuis plusieurs années, de plus en plus de nouveaux habitants s’installent à Trévou-Tréguignec. D’après l’Insee, entre 2016 et 2022, 242 néo-Trévousiens se sont installés. « Il y a un premier lotissement qui a été fait en 2015, puis un deuxième en 2018. Là, on est en train d’en sortir un nouveau, en 2025, explique Pierre Adam, maire de la commune depuis 2014. On a 27 lots où on donne priorité aux jeunes et aux primo-accédants à un prix relativement correct pour une commune littorale. » De plus, à Trévou-Tréguignec, de nombreuses maisons ont été construites dans les années 60 et 70. Les habitants sont désormais « très âgés et décédés en partie, donc beaucoup de maisons se sont libérées », et de jeunes couples ont pu racheter une partie de ces logements à moindre coût dans « les années 2017 et 2018 », se souvient Pierre Adam.

Au-delà de la disponibilité de logements, parfois abordables, Pierre Adam explique cette augmentation en partie grâce à l’offre de soins et la création d’infrastructures.  La commune concentre environ 5% des médecins généralistes de l’Agglomération, pour seulement 1,5% de la population. Cela représente un médecin généraliste pour 395 habitants contre un pour 709 dans les Côtes-d’Armor en 2023. Trévou-Tréguignec est également pourvu de professionnels du paramédical. «Des infirmiers et des kinés. »

Côté infrastructures, on a construit « des jeux pour enfants à Trestel, un mini stadium, une salle de sports et un pôle nautique », égraine le maire. Une supérette et plusieurs petits commerces se sont également établis à Trévou-Tréguignec ces dernières années. « Et l’atout le plus important, c’est quand même la plage de Trestel, qui attire tous ceux qui aiment les activités nautiques ou qui veulent passer du bon temps en bord de mer », complète Pierre Adam.

La Maison des associations de Trévou-Tréguignec, en cours de construction depuis octobre 2024. © Thomas Cluzeau

«Le prix des biens immobiliers et des terrains constructibles va augmenter»

Au premier abord, le tableau pourrait avoir l’air parfait, mais pour le premier édile, la situation est plus nuancée. La population augmentait hier, elle augmente aujourd’hui, mais risque de stagner demain. Trévou-Tréguignec va devoir s’adapter à la loi zéro artificialisation nette, votée en 2021. À travers ce texte, la France s’était engagé à diminuer de moitié sa consommation d’espaces à l’horizon 2030, puis à atteindre la neutralité en 2050. « On a le droit à une certaine surface constructible pour les 15 ans qui viennent, détaille Pierre Adam. Pour la commune de Trévou-Tréguignec, ça avoisine les deux hectares mais aujourd’hui, on les a quasiment consommés. À partir du moment où on réduit la possibilité de construire, le prix des biens immobiliers et des terrains qui restent constructibles va encore augmenter. Ça va être encore plus compliqué pour les jeunes de s’installer en bord de mer. »

Entreprise paysagiste intervenant sur un lot de gîtes à Trévou-Tréguignec. © Thomas Cluzeau

La commune risque donc rapidement de manquer de toits, notamment à destination de la jeunesse. En 2021, d’après l’Insee, 51,3% des logements trévousiens étaient des résidences secondaires. La municipalité a mis en place une hausse de la taxe d’habitation de 30% à l’encontre de ces propriétaires.

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